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mise en ligne le 11 octobre 2011
FDN aura bientôt vingt ans. Une ancienneté assez respectable et un vrai rappel à l'ordre : notre association a beaucoup évolué depuis sa création, mais aujourd'hui sa propre mutation et les évolutions de son environnement sont en passe de prendre en défaut un bureau qui ne parvient pas à s'adapter.
Dans quelques mois le président de FDN aura quinze ans d'ancienneté à son poste. Et le trésorier (votre serviteur) ça fera quatorze. Pendant d'assez longues périodes ils ont été aux manettes. Jusqu'en 2005, la mise en place de l'offre ADSL, qui a commencé à rameuter du monde. Depuis l'équipe s'est étoffée, et se sont formées deux équipes, une pour l'administration système, l'autre pour le support. Mais le bureau n'a pas vraiment évolué.
L'équipe sortante est reconduite quasi-identiquement chaque année (du moins ceux qui se présentent) et ce, avec un score de dictateur. Cela est du à deux choses ; premièrement les adhérents sont globalement satisfaits de la manière dont fonctionne l'association, et de ce qu'elle fait. Deuxièmement, le bureau se présente tous les ans sous forme d'une liste remaniée, et il n'est pas donné à l'assemblée l'occasion de s'exprimer sur la candidature de chaque membre du bureau individuellement (ce qui me semble être une erreur regrettable de lecture des statuts).
C'est un premier problème : les postes à responsabilités ne sont pas renouvelés, et cela a plusieurs inconvénients.
Le premier effet, c'est le cercle vicieux. Plus le bureau est ancien, plus il est intimidant pour les (souvent jeunes) nouveaux entrants, qui ne se sentent pas légitimes à y participer, de près ou de loin. Les membres du bureau sont souvent très occupés pour ne pas dire débordés, et assez abruptes parfois. Des réponses parfois un peu catégoriques d'anciens, lestées du poids de l'expérience et de phrasés beschereliens peuvent en décourager qui auraient pourtant un éclairage à apporter. En tous cas il me semble que ça peut jouer, et rendre plus difficile l'accès aux impétrants ou aux timides.
Ensuite, la répétition des schémas, des erreurs, des points de vue. La même équipe à la tête d'une association c'est aussi logiquement, des manières de faire et des méthodes qui sont reprises, car il est difficile de se remettre en cause naturellement, et c'est encore plus difficile si un sang neuf ne vient pas bousculer un peu les vieilles habitudes.
Corrolaire sans doute, l'enferrement, la spécialisation. Aller c'est pour moi : je suis le trésorier. J'ai développé des outils de comptabilité. Je me suis spécialisé. Personne dans l'association, sauf si c'est son métier, ne serait capable aujourd'hui de reprendre mon travail au pied levé. Ne vous méprenez pas, personne n'est irremplaçable et ce n'est pas ce à quoi je prétends. Je veux dire que celui qui va me remplacer, il va en baver un moment. Un développeur sera perdu dans l'exercice de la compta. Un comptable aura du mal à dompter les scripts perl qui interfacent la base SQL. Parce que depuis des années je fais ça à ma façon, ce sera pas évident à transmettre. A moins que je ne me mette à préparer le terrain de ma succession (c'est en cours, mais ça prend du temps) ce qui demande un effort et une volonté. Qui pourrait remplacer aujourd'hui Benjamin dans les conférences qu'il tient en tant que président de FDN ? Dans les dossiers juridiques qu'il traite ? Personne. Or il me semble que dans un projet qui se mêne sur le long terme comme FDN, nous devrions veiller à être tous remplaçables.
De ces premiers effets, encore relativement discrets et bien cachés, en découlent d'autres dont les manifestations sont, depuis quelques temps, plus perceptibles.
Premièrement le monde change, internet, les lois, les usages. Et FDN aussi change puisque, depuis 2005 et la mise en place de son offre ADSL, les effectifs de l'association sont repassés d'une cinquantaine à plus de quatre cent, le chiffre d'affaire a franchi les 50 k€ annuels, l'équipe des membres actifs a presque atteint une dizaine de personnes. Mais l'association peine à s'adapter, et à sortir des vieux schémas de direction.
Or aujourd'hui les enjeux sont différents et plus variés, le socle que constituait Gitoyen hier, s'effrite. Les enjeux nouveaux pour l'association comme la protection des libertés sur internet, les projets nouveaux comme les VPN, ou la téléphonie sont des challenges qui exigent que FDN répondre et réagisse rapidement. Mais nous ne savons pas le faire, et trop peu de personnes continuent à concentrer trop de responsabilités, en parvenant de moins en moins à en gérer le volume et l'urgence. Est donc en train d'apparaitre une vraie difficulté pour FDN, à apporter en temps et en heure des réponses de qualité aux changements qui l'entourent.
Deuxièmement l'ancienneté du bureau ne lui permet pas d'échapper à cette pression. Avec des expériences et des perceptions diverses, mais aussi de fortes personnalités en son sein, le bureau ne parvient pas à prendre les décisions de remise en cause, de réorganisation qui sont nécessaires. Nous avons pour le moment un système archaïque par lequel un petit noyau trop dur concentre les pouvoirs et les décisions, ce qui peut-être explique que ses membres aient du mal à déléguer, à faire confiance, à partager des dossiers qui les étouffent. C'est donc pour le bureau un handicap qui fait surgir des tensions et apesantit son fonctionnement. Ces difficultés commencent à être palpables dans les compte-rendus de réunion du bureau.
La complexité et le manque de temps servent au contraire de raisons pour concentrer toutes les responsabilités sur toujours les mêmes, au prétexte que déléguer et former sont trop gourmands en temps et en ressources. C'est bien évidement un calcul à court terme, une erreur qui sans cesse s'aggrave d'elle-même, et qui se manifeste notamment par la saturation des personnes en charge, avec toutes les conséquences qu“on peut en attendre (surmenage, indisponibilité, baisse de la qualité, alongement des délais) jusqu'à la mort de certains projets.
Fort à propos, je recevais récemment ce message : Vous recevez ce message car vous êtes contact sur le nom de domaine aolprs.org. Celui-ci arrivera à échéance au Registre demain, le 2011-10-10 17:22. R.I.P. Aolprs naufragée du surmenage qui échoue avec toi parfois la confiance, l'espoir ou la crédibilité des uns et des autres. Puisse FFDN virer mieux que toi. Et pourtant, quelqu'un a renouvelé aolprs.org… à quoi bon, je vous le demande.
Troisièmement, la difficulté de mener les projets au sein même de l'association. Que ce soit l'ouverture du SI de FDN, le développement de l'offre de téléphonie ou d'accès 3G data, l'intégration de la solution de VPN, la dynamique d'aide et d'accompagnement sur FFDN, l'ouverture de nouvelles collectes, d'une offre de VM pour serveur dédié ; tous ces projets sont bloqués dans leur développement de manière plus ou moins radicale, parfois depuis des années. Et aucune solution n'est envisagée pour les sortir de l'ornière. C'est quelque chose qui se mesure notamment au sentiment de manque de reconnaissance, et de considération de certains bénévoles qui se sont investis ponctuellement sur ces projets, et qui aujourd'hui sont las de relancer le bureau. C'est aussi, malheureusement, perceptible sur les projets extérieurs encouragés dans l'initiative de la fédération et qui sont à présent freinés par des promesses que FDN peine à tenir.
Ceci n'est pas dissociable des problèmes de disponibilité qui se reconnaissent dans la faiblesse de notre suivi. Des mails d'adhérents qui se perdent, des réponses qui tardent, des responsabilités mal définies, des tâches qui tardent à être réalisées, parfois pendant des mois. Voilà qui, de plus en plus, contraste avec le nombre des adhérents et le niveau d'exigence et de service qui est dû à ces personnes à qui nous fournissons, quel que soit notre contrat associatif et de bénévolat, l'accès à internet, ce service même que nous défendons comme une liberté fondamentale. L'heure serait donc plutôt à la professionnalisation de nos services, en termes de qualité.
Et enfin, peut-être surtout parce que ce sera le plus handicapant pour nos évolutions, des choix du passé. Je veux parler de Gitoyen, qui (en 2001) était un formidable espoir de dynamise pour les opérateurs alternatifs, qui depuis quelques années a plutôt été dans la destruction des projets qui s'étaient bâtis autour de lui. L'ancien socle opérateur de FDN semble aujourd'hui se tourner vers un fonctionnement beaucoup plus libéral, commercial, tout en abandonnant l'ensemble des garanties qui le rendaient utile et sécurisant pour nous. En persistant à vouloir reconduire une équipe Gitoyen qui a échoué avec obstination, il me semble que le bureau ne se donne pas les moyens de faire de meilleurs choix. Pourtant ce n'est pas un service à rendre à l'association car d'autres plate-formes permettraient à FDN de relancer ses propres projets, et aussi de participer à des initiatives qui sont tournées vers les opérateurs locaux.
Je pense qu'il faut prendre les problèmes à la racine, et avec cohérence, réformer nos processus de gestion et de décision.
La première chose serait de revenir à des conditions plus ouvertes d'accès au bureau.
Tout d'abord, revenir à la règle statutaire qui est d'élire les membres du bureau un par un. En plus de mettre chacun face à son propre résultat, cette mesure aura surtout l'avantage d'ouvrir le jeu et l'accès à des candidats et à des alternatives (pour ne pas dires des challengers).
Ensuite, réformer son fonctionnement. La première étape, qui consistait à à différentier le «bureau» légal du «buro» des membres actifs, permet d'aller plus loin. Cette équipe étendue peut accueillir plus de bénévoles si nous nous donnons les moyens de l'encadrer et d'assurer le suivi de ses travaux. Un juste équilibre entre la création de procédures, le recours à des outils, et à la responsabilité pourrait être trouvé, qui nous permette de restaurer pour nos adhérents la qualité de services «professionnels».
Il faut casser la logique suicidaire de l'accumulation des années, des responsabilités et du savoir.
Dans l'idéal, il faudrait que tous les membres du bureau d'aujourd'hui abandonnent ce qu'ils sont en train de faire, et se concentrent sur la transmission de ces dossiers à des équipes qui vont les remplacer. C'est sans doute caricatural, mais c'est bel et bien le schéma dans lequel nous devrions nous engager au plus vite.
Je propose donc que pour chaque tâche soit constituée une micro-équipe de deux personnes à minima, qui apprenne à la traiter et la documente. La priorité de la personne qui gère actuellement cette tâche devra être de transmettre sa gestion à l'équipe nouvellement en charge, comme si elle se préparait à prendre sa retraite.
La transmission de ces reponsabilités permettra non seulement de sécuriser les projets (plusieurs participants), d'accueillir de nouvelles bonnes volontés, et de débloquer les projets et les gens qui les faisaient et ceux qui les attendent.
Nos décisions sont prises selon la règle de majorité du bureau restreint. C'est peu. Le cas inquiétant de l'entêtement du bureau sur le projet rétrograde de Gitoyen jette sur ce mode de représentativité un doute notoire, car le bureau semble en mesure de prendre des décisions lourdes sans avoir de bons éléments, et surtout sans avoir de comptes à rendre, donc de manière non transparente. Or les décisions seront d'autant plus fragiles que le sujet sera complexe, pointu, ou que peu de membres du bureau s'en seront réellement saisi.
Un désaccord comme celui (non résolu) qui fait que le CR de la réunion de juillet reste toujours inachevé démontre que le bureau n'est pas forcément à même de prendre une décision qui emporte l'adhésion de tous, et que la transparence de ses décisions ne tient qu'à un fil.
La nécessité de débats plus ouverts (voire publics, voire écrits comme la discussion d'une page wikipedia) me semble donc avoir fait irruption sur ce dossier. Ceci nous permettra aussi de nous assurer que les directions prises par le bureau sont bien en concordance avec les projets et objectifs de FDN et de FFDN, soumises à l'examen de tous.
Pour nous donner la motivation et les moyens d'avancer, nous pouvons nous doter d'outils, nous fixer des objectifs et des délais. L'équilibre entre bénévolat et responsabilité doit trouver des solutions ailleurs que dans des compromis sur la qualité de nos services, et sur les projets de nos partenaires.
Nous venons d'entamer le dernier trimestre 2011, l'assemblée générale ordinaire de FDN se tiendra sans doute, comme à l'accoutumée, fin mars 2012. Nous avons donc un peu moins de six mois pour faire des propositions pour réformer FDN et nous redonner les moyens d'avancer. Discutons-en.
En comme charité bien ordonnée commence par soi-même, je lance ici un appel à des volontaires futurs co-trésoriers : zut, qu'ai-je fait, je regrette déjà…
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