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  • publié le 19 décembre 2012

Depuis 2005, FDN s'est engagée dans la voie de la fourniture d'accès ADSL. Cette technologie qui a permis à FDN de regagner en popularité a malheureusement aussi détourné FDN de ses objectifs réels : la promotion d'internet. Explication, solution.

FDN et l'accès à internet

FDN a toujours eu pour objectif la promotion d'internet et usenet. Usenet, c'est un peu pour faire joli maintenant, pour se garder le côté outsider, vieux de la vieille. Mais comme le montre l'activisme sauce FDN actuel, l'enjeu c'est désormais internet et lui seul, l'IP dans toute sa splendeur.

ADSL, pour rappel

ADSL pour rappel, c'est l'art et la manière de récupérer via une vieille paire de cuivre, un abonné pas trop loin d'un NRA, avec une technologie assymétrique et (heureusement !) presque toujours aujourd'hui, une IP fixe. Ce via plusieurs niveaux d'encapsulation et un réseau qui appartient toujours à un opérateur dominant (Orange, SFR, Free, OVH).

C'est donc dans le cas de FDN, de la revente SFR ou FT, et donc pour l'essentiel un service et d'une technologie que nous ne maîtrisons pas. Et l'obligation pour l'adhérent de souscrire un abonnement pour la paire de cuivre, et d'acheter un modem.

ADSL, L2TP, PPP et IP

Mais ADSL n'est pas internet. C'est un accès, c'est-à-dire une technologie de transport, et même une technologie de niveau très bas, qui ne sert qu'à raccorder le modem abonné au DSLAM qui se trouve à quelques kilomètres de chez lui. Là s'arrête la technologie ADSL.

Au-delà on a la collecte, c'est à dire l'acheminement de la connexion de l'abonné en PPP, encapsulée dans un tunnel L2TP, jusqu'aux serveurs de FDN à Paris.

Et c'est seulement à ce moment-là que FDN met de l'IP dessus, c'est à dire internet.

Vous avez dit internet ?

Mais quand on parle d'internet, parle-t-on simplement de l'immense bonheur de disposer d'un numéro de 32 ou 128 bits pour pouvoir router des paquets jusqu'à l'autre bout du monde ?

Non, ce qui importe dans la «promotion d'internet» n'est pas internet en soi, c'est la faculté de mettre en œuvre IP pour pouvoir prendre part au réseau, accéder à tous les services et proposer soi-même toutes sortes de services. Autrement dit ce qui compte ce n'est pas tant l'IP, que les usages qu'on peut en faire.

Et c'est bien ce que l'on retrouve dans toutes les définitions de la neutralité du net : il s'agit de la liberté de pouvoir faire (en droit) tous les usages possibles d'internet, pas simplement d'avoir une adresse IP.

Quand FDN s'est égarée

Voilà le véritable sens de la «promotion d'internet» qui figure dans les objectifs de l'association depuis sa création en 1992.

Or depuis que FDN a mis en place que se passe-t-il ? L'accent est mis avant tout sur l'aspect «fournisseur d'accès ADSL». Depuis le site Web qui fait la part belle à ADSL* jusqu'aux affiches qui écrivent «ADSL» encore plus gros que «associatif», cette technologie que nous ne maîtrisons pas, n'opérons pas, et qui ne fait pas partie de nos objectifs tient le haut du pavé.

*Update (24/3/2013): suite à la parution de cet article et à la discussion que j'initiai en décembre 2012 sur la liste communication un onglet «VPN» a été ajouté : un progrès notable.

Adieu diversité

Les autres services ne bénéficient pas d'un onglet, et sont succinctement répertoriés sur une page un peu plus loin, quand ils sont mentionnés. La variété de ses protocoles et de ses services était pourtant autrefois une fierté de FDN, qui faisait office non pas de musée, mais de protecteur de la diversité du net, face aux vendeurs d'offres packagées simplistes pour internautes consommateurs. FDN promouvait la diversité sur le net et elle a cessé de le faire.

Adhésions

Depuis plusieurs années des adhérents sont attirés par l'association pour cet accès, et non plus pour la diversité des services. Il commencent par le test d'éligibilité, auquel est rattaché le seul processus d'adhésion en ligne*. Aucun autre service n'est pris en compte dans ce processus.

*Correction (24/3/2013) : il y a aussi un formulaire d'inscription en ligne dans la partie «Association» que je n'avais pas repéré.

Services

Alors que les anciens formulaires prévoyaient le nom du site de l'adhérent, et les services dont il avait besoin, tout cela a disparu.

Alors que les anciens systèmes d'information intégraient les configurations Web, POP, IMAP, UUCP, login Unix (j'en passe et des meilleures) le nouveau système ne se préoccupe que d'ADSL et de gérer les prélèvements bancaires.

Et internet ?

FDN fournit de l'accès à internet, pour sûr. Mais alors que l'association a toujours été versée sur la diversité des protocoles et des services, qui précisément font la richesse d'internet, et donc toute sa raison d'être, elle s'est depuis 2005 passionnée pour la moins symétrique et la moins indépendante des solutions d'accès, au détriment de ses véritables objectifs.

Reprendre le bon chemin

ADSL n'est pas l'ennemi mais il faut cesser de le prendre pour un but en soi. Car dans la fourniture d'accès ce qui est important pour FDN et surtout pour l'abonné, c'est de disposer d'internet, à savoir d'une IP fixe, et la neutralité du réseau.

Or ADSL n'apporte ni l'un, ni l'autre. Et ne propose qu'une technologie du dernier kilomêtre, assymétrique, limitée et inégalitaire en portée, et coûteuse pour l'adhérent.

Peut-on faire autrement

On le peut, et il faut envisager de l'encourager. Parce que d'autres supports sont susceptibles de présenter, techniquement et financièrement pour l'adhérent, bien des avantages.

Par exemple des supports symétriques (SDSL, fibre), plus rapides, plus souples (Wifi), etc.

Ou bien plus économiques comme les offres des opérateurs commerciaux, dont nous utilisons de toutes manières le réseau de collecte !

Ou encore plus riches ou complètes, car même si FDN ne s'y intéresse guère il est difficile de justifier de payer plus pour n'avoir ni les services ni les économies qui sont proposés par les abonnements triple-play : les gens ont une famille qui souhaite regarder la télévision et téléphoner, aussi. Et non seulement avoir un accès internet.

Nettoyer le net

La solution qui se présente est donc d'apporter de l'IP aux gens, sans se préoccuper du support. Que les adhérents aient un accès fourni en ADSL, en Wifi, en fibre optique, par 3G ou même par pigeon voyageur, que nous importe ? Ce qui importe c'est que la neutralité du réseau soit respectée.

Et ça nous pouvons le faire en employant des technologies de VPN. Les solutions ne manquent pas.

Il s'agit tout simplement de transporter de l'internet propre et neutre sur un accès qui ne l'est peut-être pas, mettre de l'IP neutre à disposition via un accès triple play, ou n'importe quoi d'autre.

Encapsuler, et alors ?

J'entends parfois dire que c'est «sale» : c'est encapsuler de l'IP dans de l'IP, c'est mal, pas beau, caca.

Encapsuler et alors, c'est bien ce qui se passe en ADSL, puisque internet est encasulé dans PPP, qui l'est ensuite dans L2TP, qui est transporté à son tour sur… IP ! Internet n'est-il pas construit de toutes façons sur une encapsulation de couches successives (les fameux niveaux OSI : couche physique, liaison, transport, session, etc.) TCP sur IP sur Ethernet/ATM whatever…

Une encapsulation de plus n'y change rien, ou si peu, eu égard à ce qu'apporte cette solution.

Quels avantages ?

Premièrement de toute évidence, l'indépendance du support et donc, aussi, du fournisseur. N'importe quel réseau peut être utilisé comme vecteur de transport pour cet internet nettoyé.

Deuxièmement l'éligibilité. Ce ne sont plus que les personnes qui vont être éligibles en ADSL, mais aussi tous les autres qui sont acessibles, ont besoin ou ont choisi d'autres technologies pour leurs besoins et ceux de leur foyer.

Troisièmement la pluralité. Pourquoi se contenter des services et des IP d'un fournisseur quand on peut en avoir, et qu'on a besoin d'en avoir plusieurs. Pourquoi chaque membre de la famille ne pourrait-il pas avoir son fournisseur.

Quatrièmement le chiffrement. C'est une option bien courante sur les VPN que de mettre en oeuvre un chiffrement. Celui-ci permet de protéger les échanges des regards indiscrets. Un plus incontestable pour la vie privée très aisément activable avec certains outils de VPN, en standard.

Cinquièmement la souplesse. L'extrémité du VPN qui arrive à la maison, pourquoi ne partirais-je pas en vacances avec, ou bien au café du coin via mon accès 3G. IP est indépendant du support, alors pourquoi ne pas jouer cette carte ?

FDN aussi

Et pour FDN aussi, ce serait un retour vers les services et vers sa vraie mission. Mais pas seulement.

Alors que les volumes de facturation croissants que génère ADSL aujourd'hui (bientôt 9000 €/mois) transforment l'association en un revendeur, facture qui est par ailleurs accentué par les reventes de collecte et de marque blanche, tandis que la trésorerie (donc le fonds de roulement) de l'association stagne, la situation de trésorerie est de plus en plus périlleuse. De plus en plus lourde, la barque a de moins en moins la capacité de tenir les vagues.

Or FDN malgré des tarifs que j'ai fait rééquilibrer il y a peu les abonnés ADSL contribuent désormais autant que les autres au fonctionnement de l'association, mais cela reste insuffisant. ADSL représente donc déjà un péril financier que FDN n'a pas la vocation à assumer. Il n'est donc pas souhaitable d'aggraver la situation.

Des VPN, à suivre...

Malgré le peu d'écoute que j'ai eu sur ce sujet avant et lors de l'assemblée de mars 2012, le bureau, afin de répondre à une demande extérieure, a finalement décidé de mettre en place une solution VPN.

Peu importe le prétexte, si ces outils peuvent être mis en place ce sera une bonne chose. Reste à voir bien sûr dans quelles conditions de sécurité du service (donc des accès à internet), largement négligée pour l'ADSL ceci sera fait.

Reste à voir surtout, si la diversité des services et la véritable «promotion d'internet» pourront reprendre leur place grâce à cela, au cœur des préoccupations de l'association.