Le racisme anti-blanc

Comme les féministes de IIIème génération qui ont détourné le sens historique du mot « patriarcat » pour en faire un concept globalisant uniforme stigmatisant la totalité du sexe masculin, les sociologues de la fin du XXème siècle ont détourné le mot racisme de son sens originel qui désignait une doctrine de hiérarchisation de groupes humains selon des «races» (supposées) pour en faire un concept sociétal systémique dénonçant le “blanc” comme opresseur universel.

Ce néo-racisme est lui-même raciste au sens historique du terme, puisqu'il a pour principe de stigmatiser un groupe humaine sur le fait qu'il est (serait) blanc. Il dit que le néo-raciste est forcément blanc, et même que tout blanc est (essentiellement) néo-raciste. C'est bien évidement ignorer la complexité de l'histoire, l'ineptie de la désignation de «blanc» et l'impasse logique qui consiste à combattre une idéologie (le racisme) tout en y faisant appel : l'auto-neutralisation d'un tel discours est garantie. Il est curieux de voir après quelques décennies et un aller/retour par l'amérique du nord, émerger des thèses déconstructivistes et existentialistes française, un tel discours essentialiste, mais, passons.

Malheureusement pour étudier ce sujet, il va falloir accepter d'utiliser des concepts invalides tels que “blanc” ou “noir” ou “non-blanc” pour désigner des groupes imaginaires. Pour débattre avec un adversaire, il faut parfois accepter d'utiliser ses armes conceptuelles car c'est la meilleure manière d'en démontrer l'inopérance et les contradictions.

Selon Éric Fassin, professeur de sociologie à l'Université Paris VIII, « le racisme anti-blancs n'existe pas pour les sciences sociales ; ça n'a pas de sens » et de poursuivre « dire que, au fond traiter de sale blanc ou de sale noir c'est la même chose, c'est faire comme si, quand on dit “sale blanc” ça résonnait avec toute une histoire, avec toute une expérience sociale ordinaire et avec tous les discours politiques. »

Eh bien allons-y.

Toute une histoire

Sur le question de l'historicité, on peut élargir un peu pour répondre aux dernier propos de la vidéo de propagande d'Al-Jazeera intitulée “Le racisme anti-blanc n'existe pas” : https://www.youtube.com/watch?v=n5zkBVmuhwA

En effet si on veut “accepter de parler de sociétés héritées” du capitalisme (vieux comme l'agriculture, dans ses fondements), du colonialisme (vieux comme les migrations et les guerres) et de l'esclavage (pas seulement de l'esclavage trans-atlantique) alors on va devoir étudier *toute* l'histoire de l'humanité sur les cinq continents. On s'apercevra alors que les “blancs” (à définir, car il y a mille nuances de blanc comme il y a mille nuances de noir) n'ont pas eu l'exclusivité de la propriété, de l'exploitation, de la colonisation ni de l'esclavage.

Ainsi, des blancs ont été par milliers et pendant plusieurs siècles victimes de l'esclavage en méditerranée : pour quelle raison ne parlerait-on donc pas de racisme anti-blanc à l'égard de ces victimes systémiques de la course arabo-musulmane ? Ces mêmes dominateurs qui ont autour de Zanzibar organisé la traite des noirs et leur “conversion” en eunuques. Refuser le racisime anti-blanc à l'égard des premiers nécessiterait de refuses le racisme anti-noirs pour les seconds. Et refuser le racisme anti-noirs des arables n'obligerait-il pas à réfuter le racisme anti-noir des européens ? Or cette relativité a été évoquée dans la vidéo quand il est mentionné qu'une même personne peut se retrouvée catégorisée d'un côté ou de l'autre selon qu'elle est dans un endroit ou dans un autre… Nous voilà dans une situation inextricable avec la définition que vous défendez, d'autant que toutes les situations de discrimination sur la couleur de peau actuelles trouvent sans aucun doute leur origine dans l'histoire des siècles précédents.

De grands historiens nous expliquent par ailleurs que le racisme des européens vis-à-vis des noirs est né de la domination qu'ils exerçaient sur eux, à force de déconsidérer leurs victimes, leurs boureaux auraient fini par se croire réellement supérieurs. Ce mécanisme de fabrication du racisme n'aurait-il pas existé dans la situation de l'esclavage des européens par les arabes, alors qu'il a duré bien plus longtemps ? Cela reste à démontrer ! Il en résulte que la désignation du “blanc” comme étant l'incarnation de l'opresseur n'est en fait qu'un exercice de pensée sélective (telle époque, telle situation à l'exclusion des autres) construite et mise en avant avec la définition sociologique *partiale* qui nous est présentée ici, et qui est relativement récente (une trentaine d'années.) Il n'est pas difficile de voir à quelle idéologie communautariste et victimaire répond ce choix, on est loin d'avoir à s'y soumettre. C'est la même idéologie qui fait de l'homme blanc cisgenre l'opresseur suprème, et c'est la même logique qui fait qu'on reproche à un historien comme Pétré-Grenouilleau de faire une étude complète sur la traite des esclaves en général, de ne pas s'être concentré uniquement sur la traite trans-atlantique donc des “blancs” se sont rendus coupables, qu'a souhaité viser Mme Christine Taubira pour sa loi qui fit de cette traite-là un crime contre l'humanité, et pas des autres.

Ensuite on peut revenir au présent et parler de l'expérience sociale.

D'aucuns ajouteraient en effet que le racisme anti-blanc est aujourd'hui en occident, le seul qui soit systémique : enseigné à l'université (cours décoloniaux et emprise des idéologues soit-disant progressistes et humanistes), ingéré par les institutions qui s'auto-sensurent (police, justice) ou s'obligent mettre en œuvre des mesures dites de « discrimination positive » et ce alors que depuis deux siècles nos sociétés se targuent d'avoir assis par la déclaration des droits de l'homme, une parfaite égalité de droit entre toutes les personnes.

Tous les autrs racismes sont lourdement sanctionnés par la justice et socialement, par les media. Quanrante ans après “touche pas à mon pote” la tendance multiculturalise imposée par une gauche de plus en plus versée dans les thèses américaines remaniées de la French thoery, et la mise en avant victimaire des minorités ne laisse plus aucune marge de tolérance pour les allusions racistes à l'égard des « racisés » (un terme donc le contre-emploi laisse songeur.) C'est même une quasi terreur qui pèse sur l'espace et l'expression publique : seuls les humoristes racisés par exemple peuvent encore oser faire des blagues sur les représentants de leur propre couleur.

Témoignage d'un habitant « racisé » (selon son propre terme) des Mureaux dans les “Grandes gueules” sur RMC en 2023 : https://www.youtube.com/watch?v=JOOs8YivFJI

Enfin dans certains lieux, certaines villes, certaines banlieues, il n'est pas difficile d'observer que la présence très majoritaire de populations “non blanches”, souvent jeunes, et parfois investies dans certaines activités parallèles et informelles, la situation d'un “blanc” n'est pas seulement celle d'une personne en minorité numérique, mais aussi en infériorité culturelle, physique, et confrontée à une ambiance relativement hostile. Dans cette situation la situation de minorité est donc inversée, et donc il n'y a pas de raison de ne pas considérer que l'insulte anti-blanc dans ce type de contexte n'est pas catégorisable comme racisme anti-blanc. S'entendre traiter de « sale blanc » en se promenant sur le trajet de la station Saint-Denis à la basilique du même nom, c'est représenter une minorité au cœur d'une société d'origine immigrée, qund bien même cela se passe en France.

Éric Fassin explique que « être minoritaire ce n'est pas seulement une question statistique : c'est des rapports de pouvoir. » Nous y sommes, CQFD

Revenons donc (comme nous y invite Mathieu Bock-Côté) à la définition classique et non sociologique du racisme, à savoir une « doctrine de hiérarchisation des groupes humaines selon la race ». Ce dernier terme s'entendant comme un critère d'ordre physique ou ethnique, pas forcément seulement la couleur de peau, mais aussi toutes les couleurs de peau.