première publication le 6 mai 2020
Qu'on se le dise ! Désormais le fait de dire qu'on «voit une bille qui ne roule pas» signifie ipso facto qu'on considère que aucune bille ne roule. Voilà qui viole la logique la plus élémentaire, mais qui s'en émeut ?
C'est ainsi que (ne pas) demander à un enseignant qui ne travaille pas de (faire quelquechose) impliquerait qu'on signifie que aucun enseignant ne travaille. Et la porte-parile du gouvernement, Sibeth Ndiaye, de faire les frais d'une polémique enragée qui la force bientôt à présenter des excuses sur l'autel de la paix médiatique…
Mais non, si il existe une bille qui ne roule pas, cela n'implique pas qu'aucune bille ne roule. Ni de près, ni de loin. Et ça n'est pas un jugement de valeur, ni sur cette bille, ni sur les billes en général.
Ce genre de contresens relève soit d'une incapacité à comprendre le français, soit d'un manque de logique effarant, soit enfin d'une volonté polémique d'entendre ce qu'on a envie d'entendre pour ensuite s'en plaindre.
De la part de certains commentateurs assez futés pour s'exprimer très correctement par ailleurs, je crains que ce contresens relève de la troisième option. Je regrette que nombre de nos concitoyens s'y adonne et je m'inquiète que bien d'autres se laissent prendre, eux, par l'une des deux premières erreurs, incapables qu'ils sont de relever d'aussi basiques incohérences.
L'enseignement de l'ignorance dénoncé par un Jean-Claude Michéa ou par un Michel Onfray fait chaque jour un peu plus de dégâts, dopé par un web devenu la tribune de tous les manipulateurs. Alors que se raréfient les citoyens capables d'une vision critique et construite, pullulent les charlatans et les populistes.
Et dans un monde déclinant, notre faible démocratie de compter les jours qui lui restent.